6 choses que vous devez savoir sur la colchicine et son utilisation
En janvier, une étude menée par l’Institut de Cardiologie de Montréal a semblé montrer que la prise de colchicine chez les patients covid pouvait sensiblement diminuer les risques d’hospitalisations et de décès.
Certains pays, comme la Grèce, en ont déjà autorisé l’utilisation. D’autres pays, comme la France, préfèrent rester plus prudents.
Qu’est ce que la colchicine ? Quand est-elle prescrite ? Quels sont ses effets supposés sur le coronavirus ? Voici 6 choses à savoir sur la colchicine, ses utilisations ainsi que ses effets !
1. La colchicine est principalement prescrite contre la crise de goutte
La colchicine est un alcaloïde extrait d’une fleur, la colchique. C’est un médicament qui fait partie des poisons du fuseau. Pour faire simple, le fuseau désigne l’ensemble des microtubules d’une cellule qui permettent sa duplication et son déplacement.
Ce médicament est principalement utilisé contre les crises de goutte, une maladie articulaire très douloureuse. Il agit sur les globules blancs qui, dans le cas de la goutte, sont à l’origine de l’inflammation.
La goutte se manifeste par des crises inflammatoires qui touchent les articulations. Ces crises sont dues à un excès d’acide urique (composant du sang qui est issu de la dégradation des protéines) dans le sang qui se dépose sous forme de cristaux sur les articulations.
La goutte se manifeste par la survenue d’accès goutteux appelés « crises de goutte », qui sont déclenchées par :
- une consommation excessive d’aliments riches en purines (viandes rouges, abats, etc.) et en graisses
- la consommation d’alcool
- une crise d’acidocétose (élévation de l’acidité du sang liée à l’accumulation de substances toxiques pour l’organisme, les corps cétoniques) au cours d’un diabète
- une situation de stress
- la perte d’eau de l’organisme
- la prise de certains médicaments (notamment diurétiques), aspirine à faible dose, mise en route d’un traitement hypo-uricémiant).
L’action de la colchicine sur la crise de goutte est la suivante : elle empêche la formation des microtubules (fibres constitutives du cytosquelette) empêchant le déplacement des globules blancs (leucocytes) et la phagocytose (mécanisme permettant aux cellules d’internaliser et de digérer des particules et des micro-organismes).
Elle permet également de diminuer la production de certains médiateurs de l’inflammation : leucotriènes, interleukine, ainsi que certaines molécules responsables du déplacement des cellules immunitaires.
2. Sans traitement à la colchicine, la goutte peut provoquer polyarthrite et lithiase rénale
Si aucun traitement n’est pris, un accès de goutte peut durer jusqu’à une à deux semaines. Lorsqu’un traitement est pris, la douleur disparaît en quelques heures et la crise de goutte se résout rapidement.
Sans traitement de fonds, il est probable que les crises de goutte se répètent. Dans ce cas, la goutte va toucher les pieds, puis les cheville et enfin les genoux.
Après plusieurs années d’évolution sans traitement, la goutte peut toucher les articulations des bras, comme les mains et les coudes.
Par ailleurs, la goutte peut potentiellement se transformer en maladie chronique en atteignant plusieurs articulations (ce qui s’appelle la polyarthrite), en provoquant des douleurs aux articulations de façon fréquente, et en détruisant les articulations qui finissent par se déformer.
Si elle n’est pas traitée, la complication rénale de la goutte est généralement la lithiase rénale. Dans ce cas, des cristaux d’acide urique se déposent dans les voies rénales (uretères, vessie, etc.) et forment des calculs rénaux pouvant être à l’origine de coliques néphrétiques (douleurs brutales et de grande intensité au niveau d’une fosse lombaire dans le bas du dos).
3. Comment reconnaître une crise de goutte ?
Les symptômes annonciateurs de la crise de goutte se caractérisent par une douleur modérée d’une articulation (picotements, inconfort, limitation de la mobilité).
Voici comment reconnaître une crise de goutte :
- la crise survient brusquement au repos, avec l’apparition d’une douleur intense au niveau d’une articulation.
- l’inflammation affecte une seule articulation. Elle est généralement localisée au niveau des jambes (articulation de la base du gros orteil).
- l’articulation est rouge, chaude, gonflée et volumineuse. Elle est également intensément douloureuse au moindre effleurement.
- De la fièvre peut également apparaître.
4. Colchicine et covid 19 : des effets pas vraiment prouvés
Les affirmations de l’équipe canadienne qui a déclaré que la colchicine avait des effets bénéfiques pour lutter contre le covid 19 sont à prendre avec précautions. En effet, l’étude en elle-même n’a pas encore été publiée au sein d’une revue scientifique et n’a donc pu être validée par un comité.
Par ailleurs, Mathieu Molimard, membre du conseil d’administration de la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique et chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux, a relevé sur France Info il y a quelques jours quelques incohérences au sein du communiqué de presse de l’équipe canadienne, à commencer par les résultats qui sont donnés pour 4 488 patients contrairement au 6000 patients annoncés de prime-abord.
Pour le moment, il serait donc imprudent de considérer que la colchicine est un remède au covid 19.
5. La colchicine est un médicament à prendre avec précaution
Tout d’abord, il faut rappeler que la colchicine est uniquement disponible sur ordonnance et toujours administrée sous contrôle médical strict.
Ensuite, la colchicine est un médicament à marge thérapeutique étroite. Cela veut dire que concrètement, toute variation de sa concentration dans l’organisme, même légère, peut entraîner des effets indésirables voire potentiellement graves.
En effet, un médicament à marge thérapeutique étroite est un médicament dont la dose thérapeutique est proche de la dose toxique. La colchicine est à prendre avec beaucoup de précaution donc… D’autant plus qu’il n’existe aucun d’antidote disponible de la colchicine, comme l’a rappelé récemment le Réseau Français des Centres de Pharmacovigilance (RFCRPV).
Par ailleurs, la colchicine peut avoir des effets indésirables importants. Les effets indésirables le plus souvent observés sont des troubles digestifs : nausées, vomissements, diarrhée.
Attention ! la diarrhée est souvent un signal d’alerte du surdosage en colchicine. En cas d‘apparition des symptômes, prenez contact avec votre médecin.
De plus, il arrive parfois que la colchicine provoque des troubles au niveau hématologique : leucopénie (déficit en cellules immunitaires), érythropénie (déficit en globules rouges) ou thrombopénie (déficit en plaquettes). Là aussi, prenez contact rapidement avec votre médecin en cas de problème.
Enfin, un traitement par colchicine nécessite une surveillance particulière des patients souffrant d’insuffisance hépatique et/ou rénale afin d’éviter les intoxications. Lorsque le traitement doit être prolongé, il s’avère nécessaire de contrôler la NFS (Numération de la Formule Sanguine), c’est-à-dire la quantité de cellules présentes dans le sang.
Il serait donc dangereux d’essayer de se procurer sans avis médical de la colchicine. En effet, une auto-médication à base de ce médicament sans bien connaître le dosage à respecter et sans suivi médical pourrait être fatal.
6. Quelle alimentation adopter en cas de crise de goutte ?
Suite à une crise de goutte, en plus de se soigner avec de la colchicine (toujours et uniquement sur avis médical), il est important d’adapter son alimentation à sa maladie.
Les aliments à éviter en cas de crise de goutte :
- Limiter les repas riches en matières grasses et/ou en sucre ;
- Éviter la consommation d’alcool qui favorise la formation d’acide urique ;
- Limiter la consommation de boissons sucrées (notamment les jus de fruits qui contiennent du fructose qui est ensuite transformé en acide urique) ;
- Il est conseillé de manger moins de 150g de viande par jour et d’éviter la charcuterie, les abats, les viandes séchées et/ou fumées, et les cubes de bouillon de viande ;
- Les fruits de mer et les poissons gras (sardine, anchois, hareng, truite, carpe, brochet, saumon, anguille, maquereau, thon) sont également à limiter pour cette pathologie car même s’ils sont bons pour la santé, lorsqu’ils sont ajoutés à une consommation de viande et d’alcool ils peuvent entraîner des crises de goutte ;
- D’autres aliments, spécifiques à chaque patient, peuvent entraîner des crises de goutte : chocolat, champignons, choux, asperges, oseille, épinard, rhubarbe, figues séchées, lentilles.
Les aliments à privilégier en cas de crise de goutte :
- Pour éliminer l’excès d’acide urique dans les urines, il est essentiel de bien s’hydrater en buvant au minimum 1,5L d’eau par jour. Vous pouvez varier entre les eaux, le thé, le café et les infusions.
- La consommation d’eaux alcalinisantes, type Vichy- Célestin ou Saint-Yorre, peut être conseillée afin de réduire la formation de calculs d’acide urique dans les reins en diminuant l’acidité des urines ;
- Privilégier le lait et les laitages demi-écrémés ;
- Consommer des fruits et des légumes, des céréales…
Petite précision cependant importante : les aliments à privilégier ne sont pas à consommer en excès pour autant. L’important est de conserver une alimentation équilibrée et variée.
À savoir que si l’alimentation joue un rôle important dans l’apparition des crises de gouttes, cependant ce n’est pas le seul paramètre car la génétique et l’obésité peuvent également être des éléments déclencheurs.
Si souffrez d’une maladie chronique, découvrez comment adapter facilement votre alimentation à votre traitement !
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Auteurs
Grégory Guilbert, Pharmacien, Responsable de publication et CEO chez Pharmacodietetics
Perrine Clabaux, Responsable communication chez Pharmacodietetics
Caroline Melkonian, Responsable diététique chez Pharmacodietetics
Petit dessert sans conséquence en cas de crise de goutte
Riz au lait
(pour 2 personnes)
Ingrédients :
- 330ml de lait demi écrémé
- 50g de riz rond à dessert
- 40g de sucre blanc
- ½ cuillère à café de cannelle
Préparation :
Verser le lait dans une casserole et le porter à ébullition.
Rincer et égoutter le riz. L’incorporer au lait et baisser le feu. Faire cuire à feu doux, à mi-couvert, pendant 40 minutes, en remuant légèrement.
Couper le feu puis ajouter le sucre. Mélanger et laisser reposer à couvert pendant 10 minutes.
Verser le riz dans des ramequins individuels et saupoudrer de cannelle.
Déguster le riz au lait à température ambiante ou frais.