Lorsque le diagnostic d’un cancer colorectal est posé, une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) est réalisée. Elle vise à établir une stratégie thérapeutique adaptée au patient. Cette stratégie a pour objectif de ralentir le développement, de supprimer ou tout au moins de réduire la taille de la tumeur. Elle a vocation également à prévenir les complications, réduire le risque de récidives, traiter les symptômes pour assurer un bon niveau de qualité de vie au patient. Celui-ci doit avoir connaissance de toutes les options thérapeutiques avant de se lancer dans un protocole de soins. 

Lorsque la chirurgie n’est pas suffisante, il est parfois nécessaire d’avoir un traitement complémentaire de chimiothérapie et/ou de thérapie ciblée pour supprimer la tumeur et éviter des récidives.

Quels traitements pour soigner le cancer colorectal ? 

La chimiothérapie

Certains traitements de chimiothérapie sont communs dans la stratégie thérapeutique de différents cancers. C’est le cas pour le 5-fluoro-Uracile et la Capécitabine. Ils sont indiqués pour le cancer colorectal mais aussi pour d’autres cancers. 

Dans le contexte du cancer colorectal, deux molécules spécifiques sont indiquées : 

  • L’Oxaliplatine, son administration se fait par perfusion, contrôlée par un médecin spécialisé et qualifié dans la prise en charge de chimiothérapie. C’est un agent alkylant qui interagit avec l’ADN pour former des liaisons croisées inter et intra brins. Elle perturbe alors la synthèse de l’ADN et provoque des effets cytotoxiques et antitumoraux [1].

  • L’Irinotécan, administré également par voie intraveineuse, l’administration est encadrée par un professionnel de santé. C’est un inhibiteur spécifique de l’ADN topoisomérase I. L’inhibition induit des lésions simple-brin de l’ADN qui empêche la réplication de l’ADN. Il y a alors un effet cytotoxique [1].
Patiente recevant son traitement de chimiothérapie

La thérapie ciblée

Les thérapies ciblées sont des traitements biologiques qui vont atteindre une spécificité d’une cellule cancéreuse. Elles viennent, en général, en complément de la chimiothérapie.

Dans le cadre du cancer colorectal, ce sont les anticorps monoclonaux anti-récepteurs membranaires (Bevacizumab), les inhibiteurs EGFR (Cetuximab & Panitumumab), le facteur angiogénique VEGF (Aflibercept), l’inhibiteur de la protéine kinase (Regorafénib) et les anticorps monoclonaux inhibiteurs PD-1/PDL-1 (Pembrolizumab) qui sont indiqués [2,3,4].  

Comment limiter les effets indésirables par l’alimentation?

Comme beaucoup de médicaments anticancéreux, il est courant que des effets indésirables soient observées. Toutefois ils sont variables d’un individu à l’autre. Il est imporant de demander l’avis d’un professionnel de santé en cas d’automédication.

Les diarrhées

En présence d’un cathéter veineux, la prise de probiotiques pour limiter les diarrhées est contre-indiquée [1].  

Pour éviter la déshydratation, il est important. de boire 2L par jour. Privilégiez les boissons telles que l’eau, la tisane, l’eau de cuisson du riz (refroidie) et les boissons gazeuses à température ambiante. Pour limiter la diarrhée, il est recommandé de consommer des aliments comme du riz, des pâtes, des carottes, des bananes et des biscottes [5].  

Que faire en cas de nausées et vomissements dus à mon traitement ?

Pour les nausées et vomissements induits par les médicaments anticancéreux, des antiémétiques puissants, comme les Sétrons, existent avec une dispensation encadrée par un médecin.

Ondansétron, Granisétron, Tropisétron, Palonosétron sont des substances actives de la famille des Sétrons. La sérotonine étant libérée lors de l’administration de chimiothérapie et étant à l’origine des nausées et vomissements [6]. Ces antiémétiques empêchent la stimulation des récepteurs sérotoninergiques de type 3 situés au niveau du système nerveux central [7].

En cas de vomissements, rincez-vous la bouche avec de l’eau froide et évitez de manger entre 1 et 2h après. 

En dehors des médicaments, pour diminuer les effets secondaires, il est conseillé de consommer plusieurs fois par jour des petites portions d’aliments légers, froids ou tièdes (moins odorants) [5] 

Aphtes et mucites

L’apparition d’aphtes et de mucites peuvent apparaître après l’administration de chimiothérapies ou de thérapies ciblées.

Dans ces conditions, l’utilisation d’une brosse à dent souple (pour éviter les traumatismes) après chaque repas est vivement conseillée. Après usage, il ne faut pas oublier de bien la rincer. Il est aussi préconisé de la changer tous les mois. Concernant le dentifrice, on privilégie ceux sans menthol et sans additif.

En termes d’hydratation, il est recommandé d’utiliser un stick de beurre de cacao pour les lèvres, et de boire 2L d’eau par jour.

Ne pas hésiter à mixer les aliments pour que ce  soit plus moelleux, et ne pas manger trop chaud pour limiter les douleurs lors de la prise de repas [8] 

Rapprochez-vous d’un professionnel de santé si vous avez des questions par rapport à votre traitement. N’hésitez pas à consulter un diététicien-nutritionniste en cas de difficultés à vous alimenter.

Marie Baillieux

Pharmacienne

Responsable informations pharmacologiques chez Pharmacodietetics

Ainsi que notre comité éditorial, composé de :

Grégory Guilbert, Pharmacien, Responsable de publication et CEO chez Pharmacodietetics

Caroline Melkonian, Responsable diététique chez Pharmacodietetics

Marion Ricour, Docteure en biologie santé, Responsable scientifique chez Pharmacodietetics

NOS SOURCES…

1. Thériaque [en ligne]. [consulté en mars 2022]. Disponible sur : https://www.theriaque.org 

2. Cancer colorectal : les traitements | Fondation ARC pour la recherche sur le cancer [En ligne]. [Consulté en février 2022]. Disponible sur: https://www.fondation-arc.org/cancer/cancer-colorectal/traitement-cancer 

3. Cancer colorectal – Traitement [En ligne]. Gustave Roussy. [Consulté en février 2022]. Disponible sur: https://www.gustaveroussy.fr/fr/cancer-colorectal/traitement 

4. KEYTRUDA (pembrolizumab) – Cancer colorectal métastatique [En ligne]. Haute Autorité de Santé. [Consulté en février 2022]. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/jcms/p_3272286/fr/keytruda-pembrolizumab-cancer-colorectal-metastatique 

5. Chimiothérapie : Nausées, diarrhées, constipations, dysfonctionnements des reins et colorations des urines – Chimiothérapie : quels effets indésirables possibles ? [En ligne].  [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Se-faire-soigner/Traitements/Chimiotherapie/Chimiotherapie-quels-effets-indesirables-possibles/Maux-de-ventre-et-du-bas-ventre 

6. Direction québécoise de cancérologie, CEPO, Frenette S, Letarte N, Surprenant L, et al. Prévention et traitement des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie ou la radiothérapie chez l’adulte (2012) [En ligne]. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/cancer/download.php?f=1808f77dc8bb79a41e62487574a65b97

7. *Antiémétiques : Les points essentiels [En ligne]. [Consulté en février 2022]. Disponible sur: https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/antiemetiques-les-points-essentiels 

8. Chimiothérapie & conseils nutritionnels.pdf [En ligne]. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://institut-curie.org/sites/default/files/medias/documents/2019-03/Chimioth%C3%A9rapie%20%26%20conseils%20nutritionnels.pdf 

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