En prévention ou à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC), d’une embolie pulmonaire ou d’une thrombose veineuse profonde (appelé aussi phlébite), les patients peuvent se voir prescrire des médicaments anticoagulants oraux pour ralentir la coagulation et empêcher la formation de caillots. Les conseils associés à la prise de ces médicaments vont alors être abordés dans cet article.

Les anticoagulants oraux : de quoi parle-t-on ?

Les antivitamines K

Les molécules appartenant aux antivitamines K (AVK) inhibent la synthèse au niveau du foie des facteurs de la coagulation vitamine K dépendants. Ce sont des anticoagulants indirects. Leur effet sera observé entre 36 et 72h après la prise. Cette classe thérapeutique est plutôt indiquée en relais de l’héparine mais n’est pas utilisée en cas d’urgence [1].

Elle nécessite en parallèle la surveillance de l’INR.

Les anticoagulants oraux directs

Les anticoagulants oraux directs (AOD) sont une classe thérapeutique récente pour laquelle il existe  deux mécanismes d’actions au niveau du sang. Une partie des molécules va inhiber directement la thrombine, alors que l’autre partie va inhiber directement le facteur Xa. Ces 2 enzymes sont impliquées dans la cascade de coagulation du sang.

Pour cette classe thérapeutique il n’y a pas nécessité de faire un relais avec l’héparine, du fait de leur délais d’action de 2 à 3h après la prise et il n’y a pas besoin de surveillance de l’INR [2].

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Quelle surveillance pour la prise d’anticoagulants oraux ?

La  surveillance de l’INR

Un suivi de l’International Normalized Ratio (INR) doit être régulièrement pratiqué en parallèle de la prise d’AVK, dans le même laboratoire de préférence.

Dans la plupart des cas, la valeur cible est de 2,5 mais il est possible qu’elle soit différente selon les maladies. Cela signifie qu’un patient traité par AVK va mettre 2,5 fois plus de temps à coaguler par rapport à une personne sans traitement d’AVK [3]. Plus le sang est fluide, plus l’INR est grand.

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Même si la valeur cible est atteinte, le patient doit toujours contrôler son INR. D’autant plus lorsqu’un médicament que le patient ne prend pas habituellement est prescrit. 

Surveillance des signes hémorragiques 

Lors de la prise d’anticoagulants oraux, la complication possible est le risque d’hémorragie puisqu’ils retardent la coagulation. Il est alors important de repérer les signes d’une éventuelle hémorragie afin de la signaler à son médecin.

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Quels sont les conseils lors de la prise d’anticoagulants oraux ?

Au quotidien

Lors de la prise d’un de ces anticoagulants oraux, il est conseillé aux patients de respecter le schéma de prise (horaires fixes et quantité prescrite) et de bien tenir le carnet de suivi AVK ou AOD, s’il vous a été remis.  Il est important de toujours avoir la carte « Je prends un traitement anticoagulant » avec soi. Elle permet d’informer en cas d’urgence, et d’évaluer la nécessiter ou non d’un antidote.

Il ne faut pas s’automédicamenter (médicaments, phytothérapie, aromathérapie, compléments alimentaires) sans avoir l’avis de son médecin ou de son pharmacien, et bien signaler la prise d’anticoagulants aux différents professionnels de santé rencontrés.

Il est également important d’avoir un bon suivi biologique concernant le foie et le rein. En effet, ils peuvent avoir des répercussions sur le dosage et l’efficacité du traitement.

Les sports violents ou à risques de chutes sont fortement déconseillés.

Lors de la pratique de jardinage ou bricolage, des protections sont recommandées pour limiter les coups et d’éventuelles lésions.

En voyage 

En cas de voyage, il est conseillé d’avoir avec soi l’ordonnance des médicaments avec leur nom en dénomination commune internationale. De plus, il est essentiel de prévoir la quantité suffisante de comprimés, voire plus en cas d’imprévus. Ainsi que la carte de traitements anticoagulants.

Lors de long trajet ou de voyage en avion, favorisez le port de vêtements fluides, pas trop serrés, le port de contention (chaussettes, bas ou collants) et de vous dégourdir régulièrement les jambes.

Concernant la prise de l’anticoagulant avec un décalage horaire d’environ 8h, il est recommandé de se caler à l’heure locale de destination [5].

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Quels aliments éviter lorsque l’on prend des anticoagulants oraux ?

Lors de la prise d’antivitamines K, il faut avoir une consommation stable (régulière, sans excès, ni privation) d’aliments qui présentent de la vitamine K, tels que les légumes à feuilles vert foncé, les produits d’origine animale et les produits fermentés [4,6,7,8] :

  • Les choux (le chou frisé, les choux de Bruxelles, le chou blanc, le chou-fleur, la choucroute …)
  • Les brocolis, les épinards, les asperges, la laitue, le cresson, le fenouil …
  • Le thé vert, les herbes aromatiques
  • Les abats, la viande de bœuf, la viande de volailles, les jaunes d’œufs, les produits laitiers fermentés

Le cranberry, l’ail, le ginseng et le gingembre sont également des aliments à surveiller sous prescription d’AVK. [4,8]

Les AVK et les AOD, étant métabolisés par le foie [1, 2], il n’est pas recommandé de consommer du jus de pamplemousse, de l’alcool, de la caféine, des aliments à base de cannabidiol, du curcuma ou de la réglisse lors de la prise de ces traitements.

Si vous ressentez le besoin d’échanger concernant votre traitement, n’hésitez pas à vous tourner vers un professionnel de santé. Votre pharmacien peut réaliser des entretiens thérapeutiques concernant ces médicaments.   

Cet article a été rédigé par le comité scientifique composé de pharmaciens et d’une diététicienne, avec l’aide de l’équipe communication.

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Nos sources

 

  1. Inhibiteurs de la synthèse des facteurs vitamine K dépendants (AVK) [En ligne]. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/inhibiteurs-de-la-synthese-des-facteurs-vitamine-k-dependants-avk
  2. Anticoagulants oraux directs (AODs) [En ligne]. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/anticoagulants-oraux-directs-aods
  3. Dossier thématique – Les Questions/réponses des Anti-vitamine K – ANSM [En ligne]. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/les-questions-reponses-des-anti-vitamine-k-avk
  4. fr LM des. Les anticoagulants oraux – Le Moniteur des Pharmacies n° 3355 du 06/02/2021 – Revues – Le Moniteur des pharmacies.fr [En ligne]. Le Moniteur des pharmacie.fr. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/revues/le-moniteur-des-pharmacies/article/n-3355/les-anticoagulants-oraux.html
  5. Duc P. Traitement anticoagulant et voyage – Anticoagulant therapy and travels. Lett Cardiol. juin 2003;(366):2.
  6. Les références nutritionnelles en vitamines et minéraux | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail [En ligne]. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux#K
  7. Ciqual Table de composition nutritionnelle des aliments [En ligne]. [Consulté en mars 2022]. Disponible sur: https://ciqual.anses.fr/#/constituants/54101/vitamine-k1-(%C2%B5g-100-g)
  8. Tan CSS, Lee SWH. Warfarin and food, herbal or dietary supplement interactions: A systematic review. Br J Clin Pharmacol. 2021;87(2):352‑74.