Les traitements de l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP)

19 Nov,21 | Traitements et médications

Une grande partie des hommes en avançant dans l’âge sont sujets à l’hypertrophie bénigne de la prostate autrement appelé adénome de la prostate. Passé 60 ans cela, elle touche un homme sur deux, et elle concerne 9 hommes sur 10 âgés de plus de 80 ans. Celle-ci peut s’accompagnée de symptômes urinaires et différents traitements sont possibles.  

La maladie de l’hypertrophie bénigne de la prostate

Définition

L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) est une pathologie du vieillissement.Elle résulte du développement d’un adénome (tumeur bénigne) dans la prostate qui constitue un obstacle chronique à la vidange de la vessie. L’évolution de cette maladie peut avoir des conséquences sur le bas appareil urinaire (vessie de lutte) ou sur le haut appareil urinaire (insuffisance rénale chronique obstructive). Cette maladie peut, en effet, induire différents effets sur la santé, dont des complications aiguës (rétention aiguë d’urine, infections urogénitales, hématurie …) ou chroniques (rétention vésicale chronique, lithiase vésicale ou insuffisance rénale chronique obstructive). 

Diagnostic 

Le diagnostic clinique repose sur l’interrogatoire et la recherche des symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) : retard au démarrage, dysurie, jet faible, gouttes retardataires ; fréquence urinaire très augmentée (pollakiurie), urgence mictionnelle (urgenturie), fuite involontaire d’urine (hyperactivité vésicale ou impériosité), brûlures mictionnelles. 

Dans le cas de cette maladie, lors du toucher rectal (TR), on retrouve une prostate volumineuse, ferme, indolore, lisse, régulière accompagné d’une disparition du sillon médian. Cet examen permet également de dépister un cancer de la prostate. Un TR évocateur d’un cancer de la prostate invite à réaliser des biopsies prostatiques avec examen anatomopathologique. 

Lorsque la maladie n’est pas sévère et que les symptômes sont modérés et qu’ils n’altèrent pas la qualité de vie, la prise en charge réside dans le fait de respecter certaines règles hygiéno-diététiques et de consulter régulièrement son urologue (Recommandations de l’Association Français d’Urologie). 

Les traitements médicamenteux

Cependant, lors de complications importantes, un traitement s’avère nécessaire. En France, ce sont plus de 800 000 hommes qui consomment quotidiennement un médicament pour contrer ces symptômes. Parmi eux, les classes thérapeutiques sont les suivantes : α-bloquants, IPDE5, inhibiteurs de la 5α-réductase et la phytothérapie  

Les alpha-bloquants

(alfuzosine, doxazosine, silodosine, tamsulosine, terazosine,…)

Ces médicaments bloquent les récepteurs α -1 adrénergiques présents au niveau des muscles de la prostate et du col vésical et provoquent ainsi une relaxation des muscles lisses de la prostate et de l’urètre. Cela aboutit à une amélioration de la fonction urinaire en augmentant le débit urinaire et en améliorant les syndromes obstructifs.  

Ces médicaments peuvent aussi bloquer ces mêmes récepteurs au niveau des artérioles et des veines et entraîner ainsi une hypotensionLes α-bloquants sont efficaces après 48 heures de traitement. Il existe d’autres alpha-1 bloquants disponibles pour le traitement de l’hypertension artérielle ou des crises hypertensives. 

Les inhibiteurs de la 5-alpha réductase

(dutastéride, finastéride)

La 5 α-réductase est l’enzyme qui permet la transformation la testostérone en son métabolite actif, la dihydrotestostérone (DHT). Le développement de la glande prostatique et, par conséquent, l’HPB, est influencé par la DHT. Ces médicaments vont diminuer le volume prostatique après 1 à 3 mois de traitement. Leur efficacité maximale sera atteinte après 6 mois de traitementChez les hommes présentant une alopécie de type masculin, le cuir chevelu des zones touchées contient des follicules pileux miniaturisés, ainsi que des taux élevés de DHT. L’inhibition de la formation du DHT peut donc, en théorie, inverser le processus de calvitie.  

Les inhibiteurs sélectifs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5) (tadalafil)

La PDE5 est une enzyme responsable de la dégradation d’un messager chimique (le cGMP), lui-même second messager intracellulaire du monoxyde d’azote. Cette enzyme est très présente dans les muscles lisses des artères, de la prostate et des corps caverneux. En bloquant cette enzyme, ils vont favoriser le relâchement des fibres lisses et réduire l’obstruction provoquée par la prostate sur l’urètre. Ils vont aussi entraîner une vasodilatation artérielle ainsi qu’une érection.  

La phytothérapie (Serenoa repens)

Différentes études scientifiques, in vivo et in vitro, ont mis en évidence que la serenoa repens présente des propriétés d’inhibition non compétitive de la 5 α-réductase et freine la prolifération de cellules provenant d’HBP.  

Et notre alimentation ?

Certaines règles hygiéno-diététiques peuvent être recommandées, lors de la prise en charge de l’HBP, notamment :

  • la réduction des apports hydriques après 18 heures,
  • la diminution de la consommation de caféine et d’alcool,
  • le traitement d’une constipation associée,
  • l’arrêt des traitements favorisant la dysurie (anticholinergiques, neuroleptiques…).

Enfin, on évitera la consommation de pamplemousse lors de la prise d’IPDE5, faute de quoi les effets hypotensifs seront majorés. 

De plus, une alimentation saine et une activité physique régulière sont préconisées pour les patients souffrant de cette maladie. Un apport alimentaire riche en poissons gras, noix et graines et fruits et légumes réduirait les effets de fatigue chez les patients et seraient bénéfique dans le cadre de leur pathologie. La consommation d’aliments antioxydants, de polyphénols et de soja présentent également des effets bénéfiques sur la progression de cette maladie.    

Auteur : Grégory Guilbert, Pharmacien, Responsable de publication et CEO chez Pharmacodietetics

Ainsi que notre comité éditorial, composé de : 

Marie Baillieux, Pharmacienne, Responsable informations pharmacologiques chez Pharmacodietetics

Caroline Melkonian, Responsable diététique chez Pharmacodietetics

Marion Ricour, Responsable scientifique chez Pharmacodietetics

Sources :

Bibliographie

Lawrentschuk N, Ptasznik G, Ong S. Benign Prostate Disorders. 2021 Oct 7. In: Feingold KR, Anawalt B, Boyce A, Chrousos G, de Herder WW, Dhatariya K, Dungan K, Hershman JM, Hofland J, Kalra S, Kaltsas G, Koch C, Kopp P, Korbonits M, Kovacs CS, Kuohung W, Laferrère B, Levy M, McGee EA, McLachlan R, Morley JE, New M, Purnell J, Sahay R, Singer F, Sperling MA, Stratakis CA, Trence DL, Wilson DP, editors. Endotext [Internet]. South Dartmouth (MA): MDText.com, Inc.; 2000–. PMID: 25905239.

Ng M, Baradhi KM. Benign Prostatic Hyperplasia. 2021 Aug 11. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2021 Jan–. PMID: 32644346.

Sitographie

UROFRANCE. Seisen T., XYLINAS E., Hypertrophie bénigne de la prostate [consulté le 17/11/2021]. Disponible en ligne : https://www.urofrance.org/congres-et-formations/formation-initiale/referentiel-du-college/hypertrophie-benigne-de-la-prostate.html#:~:text=L’hypertrophie%20b%C3%A9nigne%20de%20la,chronique%20%C3%A0%20la%20vidange%20v%C3%A9sicale. 

VIDAL. Les traitements de l’adénome de la prostate. Mis à jour le mardi 13 avril 2021 [consulté le 17/11/2021]. Disponible en ligne : https://www.vidal.fr/maladies/reins-voies-urinaires/hypertrophie-benigne-prostate-hbp/traitements.html