En 2019, environ 273 000 personnes sont touchées par les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI). [1]
Elles concernent légèrement plus les femmes que les hommes mais, surtout, elles touchent des populations jeunes.
Afin de comprendre un peu mieux ces pathologies, nous vous proposons un rappel de ce qu’englobe ce terme de MICI et de faire le point sur les causes de leur survenue.
MICI : Maladie de Crohn et Rectocolite Hémorragique
Plus de 90% des MICI sont dus à ces 2 pathologies. Bien que le mécanisme à l’origine de leur survenue soit identique, ces deux pathologies présentent des tableaux cliniques distinctifs.
La maladie de Crohn est une inflammation chronique susceptible de toucher les différents segments du tube digestif : de la bouche à l’anus. Dans la majorité des cas, cette pathologie atteint la partie terminale de l’intestin grêle. Celui-ci reliant l’estomac au côlon (ou « gros intestin »), sa partie terminale est donc le segment le plus proche du côlon. La MC touche aussi la partie allant du côlon à l’anus.
L’inflammation causée par la maladie de Crohn est responsable de symptômes digestifs chroniques. En effet, elle peut entraîner des douleurs abdominales, une diarrhée chronique, un amaigrissement, de la fatigue et de la fièvre.
Ces derniers varient en fonction de la localisation de l’atteinte et sont invalidants pour le patient. Toutefois, des complications peuvent survenir avec le temps, dans les cas les plus graves.
D’autres complications qui peuvent apparaître à la suite de la maladie de Crohn. Tel est le cas des abcès, des fistules et des suppurations chroniques du périnée. Cela s’explique notamment par l’atteinte de l’anus. [2]
La Recto-Colite Hémorragique est également une inflammation chronique. Cependant, celle-ci touche principalement le rectum et le côlon. En effet, l’inflammation peut s’étendre à la totalité du côlon. L’intestin grêle et l’anus s’en trouvent épargnés.
Les symptômes digestifs chroniques de la rectocolite hémorragique sont :
- Emission fréquente de selles sanglantes
- Douleurs abdominales
- Amaigrissement
- Asthénie
- Fièvre
Près de 50% des patients atteints de RCH démontrent aussi des manifestations extra-intestinales. Il s’agit d’inflammations chroniques touchant d’autres organes. [3]
Ces deux pathologies – MC et RCH – alternent entre trois états :
- Poussées : phase d’activité de la maladie (intensité et durée variable) ;
- Rémission clinique : bien que la maladie soit active, elle reste silencieuse avec peu de symptômes ;
- Rémission profonde : les lésions inflammatoires sont cicatrisées de manière durable.
Différencier les MICI des autres pathologies digestives
Certains symptômes sont similaires à plusieurs pathologies ou réactions, telles que la diarrhée. Il est important de bien saisir les nuances.
L’allergie alimentaire
La plupart des allergies sont causées par une réaction excessive et inappropriée des mastocytes (cellules immunitaires). Les mastocytes libèrent alors les médiateurs chimiques responsables d’une réaction inflammatoire. Parfois cela entraîne une réaction intense et généralisée à tout l’organisme que l’on appelle « choc anaphylactique ». Il s’agit d’une urgence vitale. La meilleure façon d’éviter des réactions allergiques de ce type est d’empêcher l’entrée de ces produits dans le corps en les bannissant complètement de son régime alimentaire.
L’intolérance alimentaire
C’est une réaction auto-immune irritante, le plus souvent au niveau de l’intestin, dues à des composés chimiques contenus dans certains aliments. Elle n’entraîne pas de choc anaphylactique et, contrairement à une allergie alimentaire, les symptômes n’apparaissent pas immédiatement après l’ingestion de l’aliment incriminé. Les plus fréquentes intolérances sont liées au gluten (maladie cœliaque), au lactose et aux sulfites.
La maladie cœliaque
Cette pathologie intestinale auto-immune qui provoque une destruction des villosités (petits replis) de l’intestin grêle liée à l’ingestion de gluten. Elle aurait une prévalence de 0,7 à 2% de la population mondiale [4]. Le diagnostic de cette maladie est déficient même si les mécanismes sont connus. Néanmoins, il faut être vigilant car ses complications peuvent être graves. [5]
Syndrome du côlon irritable (aussi appelé colopathie fonctionnelle)
Cette pathologie s’exprime par de fortes douleurs abdominales associées, dans 30% des cas, à des crises diarrhéiques, dans 30% des cas à des crises de constipation et dans 40% des cas à une alternance des 2 crises. À ce jour, le mécanisme et les causes de la pathologie sont assez mal connus et le diagnostic repose principalement sur l’élimination des autres pathologies digestives.
À quoi sont dues les MICI ?
La génétique ?
Certaines mutations de gènes augmentent le risque de survenue de maladie. Des gènes de prédisposition à la maladie de Crohn ont été mis en évidence, en particulier le gène CARD15/NOD2. Plus de 160 gènes de MICI ont été découverts en 2013. Beaucoup étaient partagés avec d’autres affections inflammatoires [6].
Néanmoins la génétique n’explique pas tout !
En effet, cette fragilité immunitaire chez l’adulte peut être due à l’amélioration du niveau d’hygiène dans les pays industrialisés et à la diminution de l’exposition aux agents infectieux durant l’enfance. De plus, cela pourrait être un facteur de risque de maladies allergiques et auto-immunes telles que les MICI [6].
Le microbiote ?
Un déséquilibre entre le système immunitaire et le microbiote intestinal (ou flore intestinale) pourrait conduire notre système à lutter, de façon anormale, contre les bactéries présentes dans notre tube digestif.
Il en découle une inflammation de la paroi intestinale, responsable des MICI. [7]
Des inégalités géographiques ?
Une étude a montré que les régions faiblement ensoleillées étaient celles où l’incidence de la MC était la plus élevée.[6]
Comme nous avons pu le constater, les MICI sont des maladies complexes, dues à de nombreux facteurs. En cas de suspicion de MICI, il convient de se rapprocher d’un professionnel de santé pour poser le diagnostic et bénéficier d’une prise en charge adaptée.
Cet article a été rédigé par notre comité scientifique composé de pharmaciens
et d’une diététicienne, en collaboration avec notre équipe communication.
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Nos sources
[1] SNIIRAM/SNDS, cartographie des pathologies et des dépenses
[7] https://www.opham.com/article/la-maladie-de-crohn/