Nutri-Score : une fin en soi ?

2 Déc,21 | Nutrition

En tant que consommateur, il n’est pas toujours évident de comprendre les étiquettes alimentaires. En 2016, la déclaration nutritionnelle est devenue obligatoire sur les denrées préemballées. Il s’agit du tableau comprenant la valeur nutritionnelle d’un produit. Cependant, certains consommateurs ne les comprennent pas, ou n’ont pas le temps de les lire en faisant leurs courses alimentaires. C’est pour simplifier cela que le Nutri-Score a vu le jour en 2017.  

Nutri-score : de quoi parle-t-on ?

Définition

Le Nutri-score est un logo apposé sur les emballages alimentaires, qui permet d’informer le consommateur sur la qualité nutritionnelle globale d’un produit. Il a pour but de le guider dans ses choix alimentaires lors de ses courses et ainsi comparer plusieurs aliments entre eux. Il a été créé par le Pr. Serge Hercberg, président du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et directeur de l’unité de recherche en épidémiologie nutritionnelle, par l’Agence National de Sécurité Sanitaire (ANSES) et du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP). Il a été mis en place en 2017 en France puis d’autres pays ont suivis : la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas et le Luxembourg. Il n’est pas obligatoire pour les industriels de l’agro-alimentaire. 

Ce logo est composé de 5 lettres (de A à E) et de 5 couleurs (du vert foncé au rouge), la lettre A correspondant au produit le plus favorable sur le plan nutritionnel et la lettre E le produit le moins favorable. Il est attribué sur la base d’un score qui prend en compte, pour 100 grammes de produit, les teneurs en nutriments et aliments à favoriser (fibres, protéines, vitamines, fruits et légumes…) et les nutriments à limiter (acides gras saturés, sucres, sel). Ce logo peut être attribué à tous les produits alimentaires transformés et les boissons sauf les herbes aromatiques, les thés, les cafés et les levures. 

Comment bien l’utiliser ?

Le Nutri-Score permet de repérer rapidement les produits ayant une bonne qualité nutritionnelle et de ne pas perdre son temps à essayer de déchiffrer les étiquettes des produits alimentaires, cependant il faut avoir en tête quelques pistes pour une utilisation optimale.  

Le Nutri-Score permet de comparer des produits d’une même famille. Par exemple, vous pourrez choisir une pizza notée A qui aura une meilleure composition nutritionnelle qu’une pizza notée D. Mais on ne peut pas comparer une pizza notée A avec une conserve de légumes notée A car ces deux produits, même s’ils ont la même note, n’auront pas le même intérêt nutritionnel.  

Il faut également faire attention à certains produits qui sont notés E mais qui sont bons pour la santé lorsqu’ils sont consommés en quantité raisonnable. C’est le cas par exemple du beurre qui est noté E car il est riche en matières grasses. Cependant ces matières grasses sont indispensables à l’organisme et il ne faut pas les supprimer de notre alimentation. Il ne faut pas oublier l’importance d’une alimentation équilibrée et variée ! Ainsi composer un repas uniquement à partir de produits notés A ne vous garantit pas d’avoir une apport nutritionnel optimal puisque cela risque de supprimer des nutriments qu’il faut limiter mais pas supprimer ! 

Selon différentes études parues depuis l’existence du Nutri-Score, les français sont conquis par cet indicateur. En effet, en 2020 une étude indique que plus de 90% d’entre eux le connaissent et la moitié a changé ses habitudes alimentaires grâce à lui. 1 personne sur 3 interrogées privilégie les produits ayant un meilleur Nutri-score à un autre et limite les mauvais. Cela montre bien la recherche de transparence des consommateurs concernant leur alimentation. De plus, des premières études scientifiques présentent des bienfaits d’un bon suivi du Nutri-score sur l’apparition de maladies chroniques et sur des risques de mortalité. 

Nutri-score : la réponse des industriels de l’agro-alimentaire

A la vue de l’augmentation des ventes de certains produits depuis l’utilisation du Nutri- score, et face au pouvoir prescriptif de ce logo, l’industrie agroalimentaire s’adapte. En effet, de nombreux industriels ont amélioré l’équilibre nutritionnel de leurs produits afin d’augmenter le Nutri-score de ceux-ci. Ces changements peuvent se caractériser par une diminution du sel ou du sucre dans un plat, un changement de viande pour une moins grasse dans un plat préparé… Le Nutri-score induit donc une compétition nutritionnelle intéressante entre les différentes marques.

Il a ainsi un impact positif sur les choix et la consommation alimentaires de la population et induit une reformulation pour une amélioration de la qualité nutritionnelle des produits des industries agro-alimentaires. Ces adaptations ne sont cependant pas généralisables à l’ensemble des acteurs de l’agro-alimentaire. En effet, certains produits du terroir, par exemple, qui sont naturellement gras et salés, mais généralement consommés en petite quantité (miel, maroilles…), n’ont pas de grandes marges de manœuvre sur leurs formulations traditionnelles. 

Il faut également avoir en tête le fait que le Nutri-score ne prend pas en compte la présence d’édulcorants (produits ayant un goût sucré) dans le calcul de son score. La présence d’additifs alimentaire (substances qui ne sont pas habituellement consommées comme des aliments ou ajoutés aux denrées alimentaires commerciales) peut même améliorer le Nutri-score. En effet, ils vont diminuer le taux de sucre du produit, alors qu’ils sont connus pour avoir des effets néfastes sur notre santé. Ainsi, certains industriels adaptent sans améliorer certaines formulations de produits. 

A la vue de l’augmentation des ventes de certains produits depuis l’utilisation du Nutri- score, et face au pouvoir prescriptif de ce logo, l’industrie agroalimentaire s’adapte. En effet, de nombreux industriels ont amélioré l’équilibre nutritionnel de leurs produits afin d’augmenter le Nutri-score de ceux-ci. Ces changements peuvent se caractériser par une diminution du sel ou du sucre dans un plat, un changement de viande pour une moins grasse dans un plat préparé… Le Nutri-score induit donc une compétition nutritionnelle intéressante entre les différentes marques.

Il a ainsi un impact positif sur les choix et la consommation alimentaires de la population et induit une reformulation pour une amélioration de la qualité nutritionnelle des produits des industries agro-alimentaires. Ces adaptations ne sont cependant pas généralisables à l’ensemble des acteurs de l’agro-alimentaire. En effet, certains produits du terroir, par exemple, qui sont naturellement gras et salés, mais généralement consommés en petite quantité (miel, maroilles…), n’ont pas de grandes marges de manœuvre sur leurs formulations traditionnelles. 

Il faut également avoir en tête le fait que le Nutri-score ne prend pas en compte la présence d’édulcorants (produits ayant un goût sucré) dans le calcul de son score. La présence d’additifs alimentaire (substances qui ne sont pas habituellement consommées comme des aliments ou ajoutés aux denrées alimentaires commerciales) peut même améliorer le Nutri-score. En effet, ils vont diminuer le taux de sucre du produit, alors qu’ils sont connus pour avoir des effets néfastes sur notre santé. 

adaptent sans améliorer certaines formulations de produits. 

Actuellement un tableau de valeurs nutritionnelles est obligatoire sur tous les produits transformés, mais l’obligation de l’apposition du Nutri-score au niveau européen est actuellement discuté. Il pourrait voir le jour en Janvier 2022. Cela convient aux français qui se disent majoritairement favorables à cette obligation. Cependant, certains produits phares des industriels perdraient à avoir un Nutri-score affiché. En effet, une grande majorité des publicités pour des produits alimentaires (88 %) s’adressant aux enfants, par exemple, concernent des produits au Nutri-score D ou E. Les informations et conseils que nous vous proposons ne doivent pas se substituer à une consultation d’un professionnel de santé. 

Auteurs :

Caroline Melkonian, Diététicienne nutritionniste, Responsable diététique chez Pharmacodietetics

Ainsi que notre comité éditorial, composé de :

Grégory Guilbert, Pharmacien, Responsable de publication et CEO chez Pharmacodietetics

Marion Ricour, Docteure en Biologie Santé, Responsable Scientifique chez Pharmacodietetics

Sources :

Bibliographie

Andreeva VA, Egnell M, Touvier M, Galan P, Julia C, Hercberg S. International evidence for the effectiveness of the front-of-package nutrition label called Nutri-Score. Cent Eur J Public Health. 2021 Mar;29(1):76-79. doi: 10.21101/cejph.a6239. PMID: 33831290.  

Carruba MO, Caretto A, De Lorenzo A, Fatati G, Ghiselli A, Lucchin L, Maffeis C, Malavazos A, Malfi G, Riva E, Ruocco C, Santini F, Silano M, Valerio A, Vania A, Nisoli E. Front-of-pack (FOP) labelling systems to improve the quality of nutrition information to prevent obesity: NutrInform Battery vs Nutri-Score. Eat Weight Disord. 2021 Oct 19. doi: 10.1007/s40519-021-01316-z. Epub ahead of print. PMID: 34664216.  

Hercberg S, Galan P, Julia C. Nutri-Score : vers une victoire de la santé publique ? [Nutri-Score: towards a victory of public health?]. Rev Prat. 2019 Feb;69(2):133-134. French. PMID: 30983208. 

Sitographie

Nutri-Score – Industriels et consommateurs s’adaptent. Elsa Abdoun. Site de l’UFC que choisir [en ligne], publié le 04/02/2021 [consulté en Novembre 2021]. Disponible sur : https://www.quechoisir.org/actualite-nutri-score-industriels-et-consommateurs-s-adaptent-n87859/