Alcoolodépendance : d’un dérèglement de l’alimentation vers la malnutrition ?

18 Jan,22 | Nutrition

L’alcool est considéré comme un aliment mais n’est en aucun cas indispensable à notre organisme. Il est consommé pour ses propriétés psychotropes et sert de lien social

Il apporte ce qu’on appelle des calories vides : il est calorique mais n’a aucun intérêt nutritionnel puisqu’il n’apporte pas de nutriments indispensables au bon fonctionnement de notre organisme (voir illustration).

En fonction du profil du consommateur, l’alcool n’aura pas les mêmes effets.  Faisons un point sur les effets nutritionnels de la consommation d’alcool !  

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Alcool et état nutritionnel

La consommation d’alcool va souvent entrainer des dérèglements de l’alimentation et de mauvaises habitudes alimentaires comme la consommation d’aliments gras ou le fait de sauter des repas. 

La détérioration de l’état nutritionnel dépend de la quantité d’alcool consommée et de sa fréquence. Ainsi on remarque que : 

  • Pour une consommation de 1 à 2 verres de vin par jour, il n’y a pas d’influence sur le poids et sur l’état nutritionnel ; 
  • Pour une consommation inférieure à 15% de l’apport énergétique total quotidien, on observe une prise de poids due à l’addition des calories apportées par l’alcool à l’alimentation habituelle ; 
  • Pour une consommation entre 20 et 25 % de l’apport énergétique total, un effet de substitution est observé : les personnes consommant cette quantité d’alcool vont diminuer leur consommation de glucides. À partir de ce stade, on peut commencer à observer des cas de dénutrition sans apparition de pathologies hépatiques ou pancréatiques ; 

  • Pour une consommation de plus de 30 % de l’apport énergétique journalier, il peut y avoir des modifications des apports en protéines et en lipides. À ce stade, un état de malnutrition ou de dénutrition peut apparaître.

Plus une personne consomme de l’alcool, plus on va observer un déséquilibre dans la répartition des apports en nutriments et plus le risque de voir apparaître des pathologies rénales et/ou hépatiques est important. (1,2)

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Alcool et micronutriments

La consommation d’alcool chronique entraîne des carences en vitamines et minéraux causées par l’absorption d’alcool elle-même ou par la malnutrition du consommateur. 

On peut noter que la consommation d’alcool entraîne : 

  • Une malabsorption de certaines vitamines et minéraux comme les vitamines D et K.
  • Une diminution de l’utilisation du fer ce qui entraîne une surcharge dans les tissus. 
  • Une élimination rénale augmentée pour le zinc et le sélénium ce qui entraîne des carences en ces oglioéléments. 
  • Une carence en magnésium peut également apparaître due à une augmentation de l’élimination urinaire.

De ce fait, la consommation d’alcool peut être à l’origine d’un état de malnutrition. Par définition cet état peut refléter une dénutrition ou une sur-nutrition, il est caractérisé par un mauvais état nutritionnel dû à une alimentation déséquilibrée. (1,2)

Malnutrition et maladies hépatiques

Le rôle de l’alcool sur les maladies hépatiques dépend de la consommation de chacun (dose, quantité, fréquence). Les patients souffrent d’hépatie, l’inflammation du foie, liée à l’alcool boivent en moyenne 10 à 15 verres d’alcool / jour. De manière générale, tous les patients souffrant de cette maladie souffrent également de malnutrition. (3)

Elle est corrélée avec le degré de gravité de la pathologie. La malnutrition est en général définie par une consommation inadéquate de protéines et/ou de calories dont résulte une sarcopénie, qui est l’un des signes cliniques de la malnutrition dans le cas de ces pathologies. La sarcopénie est caractérisée par une diminution de la masse et la force musculaire de manière importante.

Des carences en de nombreux nutriments, tels que le zinc, sont communs aux pathologies hépatiques dues à l’alcool. Une supplémentation en vitamines et minéraux est souvent mise en place sur avis médical. (4,5) De. ce fait, au-delà du sevrage, une alimentation adéquate est une base importante du traitement de ces maladies.

Le degré de malnutrition dépend de la quantité d’alcool consommée mais également des pathologies rénales et hépatiques qu’elle entraîne. Pour limiter ces effets délétères, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) recommande maximum 2 verres de vin par jour et pas tous les jours. Si vous vous posez des questions sur votre état de santé et votre consommation d’alcool, n’hésitez pas à vous adresser à un professionnel de santé. (6)

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À l’occasion du Dry January, retrouvez nos recettes de cocktails sans alcool élaborées par l’équipe de Pharmacodietetics ainsi que par nos mixologues partenaires, Camille Vidal de La Maison Wellness et Luc Degroux du Joker Bar & Cocktails de Lille. 

Auteur : Caroline Melkonian, Responsable diététique chez Pharmacodietetics

Ainsi que notre comité éditorial, composé de :

Marie Baillieux, Pharmacienne, Responsable informations pharmacologiques chez Pharmacodietetics

Grégory Guilbert, Pharmacien, Responsable de publication et CEO chez Pharmacodietetics

Marion Ricour, Docteure en biologie santé et Responsable scientifique chez Pharmacodietetics

Sources :

1. CARIP Cristian, Bases physiopathologiques de la diététique, 2ème édition. Paris. Lavoisier. Editions Tec & Doc. 2006. 1 volume. 522 pages.

2. Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Site internet de l’INSERM [en ligne]. Dénutrition et alcoolisme. Disponible sur: https://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/190/expcol_1999_carences_11ch.pdf?sequence=18&isAllowed=y

3. McClain CJ, Rios CD, Condon S, Marsano LS. Malnutrition and Alcohol-Associated Hepatitis. Clin Liver Dis. 2021 Aug;25(3):557-570. doi: 10.1016/j.cld.2021.03.002. Epub 2021 May 26. PMID: 34229839; PMCID: PMC8672300.

 4. McClain CJ, Rios CD, Condon S, Marsano LS. Malnutrition and Alcohol-Associated Hepatitis. Clin Liver Dis. 2021 Aug;25(3):557-570. doi: 10.1016/j.cld.2021.03.002. Epub 2021 May 26. PMID: 34229839; PMCID: PMC8672300.

5. Bhavsar-Burke I, Jansson-Knodell CL, Gilmore AC, Crabb DW. Review article: the role of nutrition in alcohol-associated liver disease. Aliment Pharmacol Ther. 2021 Jun;53(12):1268-1276. doi: 10.1111/apt.16380. Epub 2021 Apr 25. PMID: 33896017.

6. Site internet Manger, bouger [en ligne]. Réduire l’alcool. Disponible sur: https://www.mangerbouger.fr/l-essentiel/les-recommandations-sur-l-alimentation-l-activite-physique-et-la-sedentarite/reduire/reduire-l-alcool

 

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