Le stress, une émotion universellement reconnue et souvent redoutée, s’est graduellement mué en un fléau sournois qui s’immisce dans tous les aspects de nos existences.

Qu’il s’agisse du domaine professionnel, éducatif, ou même de notre vie personnelle, le stress semble désormais omniprésent, affectant un nombre croissant d’individus, indépendamment de leur âge, sexe ou statut social.

L’année 2023 n’a pas dérogé à cette tendance préoccupante ; au contraire, elle a mis en lumière l’étendue alarmante de ce phénomène, mettant en danger la santé mentale et physique de millions de personnes à travers le monde. Les chiffres alarmants, notamment en France où plus de 40% des femmes et 30% des hommes rapportent une santé mentale moyenne ou mauvaise, témoignent de la propagation préoccupante du stress dans la société moderne, soulignant l’impérieuse nécessité d’entreprendre des actions pour atténuer ses effets dévastateurs.

De plus, il est crucial d’examiner l’impact de l’alimentation sur le stress, un domaine souvent sous-estimé mais qui joue un rôle significatif dans la gestion du bien-être mental et physique.

Comprendre le stress

Le stress est une réalité quotidienne pour de nombreuses personnes, et son influence sur nos vies ne s’arrête pas là. Il a également un impact profond sur nos habitudes alimentaires. Dans cet article, nous allons explorer comment le stress peut influencer ce que nous choisissons de mettre dans notre assiette. De la recherche de réconfort dans la nourriture à l’impulsion de grignoter sous l’effet du stress, découvrez comment nos émotions et notre bien-être mental sont liés à nos choix alimentaires.

Selon la théorie de l’adaptation formulée par Hans Selye en 1935, le processus de stress se déroule en trois phases distinctes

  • La phase d’alarme : À ce stade, l’organisme se prépare à faire face à une menace ou à s’engager dans une situation de combat. Pendant cette phase, tous les sens sont en alerte maximale, et les mécanismes de défense de l’organisme sont mobilisés pour assurer la protection.

 

  • La phase de résistance : Ici, l’organisme s’adapte à l’agent stressant. C’est la période où les mécanismes d’adaptation sont poussés au maximum pour préserver l’intégrité de l’organisme et éviter l’épuisement.

 

  • La phase d’épuisement : Cette phase marque le stade ultime du stress, où l’organisme se trouve submergé. Toutes les réserves sont épuisées, et les mécanismes de défense ne parviennent plus à faire face efficacement à la situation

Comprendre les mécanismes des compulsions alimentaires

Les compulsions alimentaires liées au stress sont un phénomène complexe et multifactoriel

Voici quelques explications générales sur la manière dont le stress peut contribuer aux compulsions alimentaires :

 Le stress peut déclencher une série de réactions physiologiques, y compris la libération d’hormones comme le cortisol, qui peut augmenter la faim et le désir de manger des aliments riches en graisses et en sucre. Les personnes peuvent ressentir le besoin de manger pour atténuer leur anxiété et soulager temporairement leur stress.

Les émotions négatives liées au stress, comme l’anxiété, la tristesse ou la colère, peuvent entraîner des comportements compulsifs, y compris la suralimentation. Les aliments riches en sucre et en gras sont souvent associés à un réconfort émotionnel, ce qui peut conduire à des comportements de recherche de réconfort en cas de stress.

Certaines personnes développent des habitudes alimentaires en réponse au stress. Par exemple, elles peuvent avoir l’habitude de grignoter devant la télévision ou de manger des en-cas sucrés lorsque le stress survient. Ces habitudes peuvent devenir des comportements compulsifs en réponse au stress

Manger peut être une manière de se distraire momentanément des soucis et des sources de stress. L’acte de manger peut fournir une échappatoire temporaire des pensées stressantes.

 Certaines personnes utilisent la nourriture comme moyen de s’automédiquer contre le stress. Les aliments sucrés et gras peuvent stimuler la libération de neurotransmetteurs tels que la sérotonine, qui peuvent avoir un effet apaisant sur l’humeur.

 Les compulsions alimentaires en réponse au stress peuvent créer un cercle vicieux. Après une période de suralimentation, la culpabilité et la honte peuvent s’installer, ce qui peut augmenter le niveau de stress, poussant ainsi à davantage de compulsions alimentaires.

Stress et alimentation : La quête de l’équilibre

 

Il n’existe pas de nourriture magique ou de régime miracle pour éliminer le stress. Le stress est une réaction complexe du corps à de nombreuses choses. Bien que manger sainement puisse aider à se sentir mieux en général, cela ne va pas faire disparaître le stress. Le stress est une question plus compliquée, et il faut utiliser d’autres méthodes pour le gérer, comme la méditation ou l’exercice. Donc, tout en mangeant bien est important, cela ne résoudra pas complètement le problème du stress.

De nombreuses études ont mis en évidence le rôle crucial de la sérotonine dans la régulation du stress.

Une des clés de la modulation de la sérotonine réside dans l’alimentation. En effet, la sérotonine est synthétisée à partir de l’acide aminé tryptophane, ce qui signifie que la consommation d’aliments riches en tryptophane peut favoriser une augmentation de la disponibilité de ce précurseur de la sérotonine.

Certains aliments particulièrement riches en tryptophane comprennent la viande, le poisson, les œufs, les noix (notamment les noix de cajou et les amandes), le soja, les produits laitiers, les bananes, ainsi que les graines de courge et de sésame. En incorporant ces aliments dans votre alimentation, vous pouvez potentiellement contribuer à une meilleure régulation de votre humeur et à une réduction du stress.

De plus, les vitamines B6, B9 (acide folique) et B12 jouent un rôle vital dans la synthèse de divers neurotransmetteurs, y compris la sérotonine. Ces vitamines sont essentielles pour la production de dopamine, sérotonine et mélatonine, qui sont impliquées dans la gestion de l’anxiété et du sommeil.

On peut trouver ces vitamines dans divers aliments, notamment les légumes verts (comme le brocoli, les épinards et les les épinards et les asperges), la viande et les abats, les céréales et la levure de bière

 

 

 

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Cet article a été rédigé par notre comité scientifique composé de pharmaciens
et d’une diététicienne, en collaboration avec notre équipe communication.

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Nos sources

 

  1. Epel, E., Lapides, R., Mc Ewen, B., Brownell, K. (2001). Stress may add bite to appetite in when :a laboratory study of stress-induced cortisol and eating behavior. Psychoneuroendocrinol 26, 37-49. 
  2. Joseph, MH., Kennett, GA. (1983). Stress-induced release of 5-HT in the hippocampus and its dependence an increased tryptophan availability : an in vivo electrochemical study. Brain Res 270 : 251-257 
  3. Sinha, R. (2018). Role of addiction and stress neurobiology on food intake and obesity. Biological Psychology; 131 : 5-13 
  4. Appelhans, B.M., Pagoto, S.L., Peters, E. N., Spring, B.J. (2010). HPA axis response to stress predicts short-term snack intake in obese women. Appetite, 54(1), 217-220
  5. Chiffres issus du sondage OpinionWay mené pour la Fondation Ramsay Générale de Santé : PILEJE, Le stress et ses impacts sur la santé  
  6. Frontiers in Behavioral Neuroscience , 03 June 2020 DOI : 10.3389 Fight, Flight, – Or Grab a Bite! Trait Emotional and Restrained Eating Style Predicts Food Cue Responding Under Negative Emotions 
  7. Cessez de manger vos émotions Poche – 23 janvier 2020 de Isabelle Huot (Auteur), Catherine Senécal (Auteur), Sophie Grégoire-Trudeau (Préface)